Survenu en 1254, le miracle eucharistique de Douai est encore célébré aujourd’hui
Il y a bientôt 800 ans, le miracle de l’eucharistie défrayait la chronique douaisienne. Comme tous les ans, la ville se rappellera cet événement à l’occasion de la fête du Saint Sacrement, ce dimanche, sans procession cette année en raison de la crise sanitaire.
Julien Gilman | Publié le 06/06/2021
Le père Bernard Descarpentries range l’ostensoir contenant l’hostie du miracle dans le tabernacle de la chapelle Notre-Dame-des-Miracles.
Cette histoire commence par une maladresse, un jour autour de Pâques 1254, dans l’église Saint-Amé (l’autre collégiale de Douai, celle qui fut détruite à la Révolution). Maladresse du prêtre Thomas Pikete ou d’un fidèle, le récit qu’en fit le théologien Thomas de Cantinpré, envoyé enquêter sur les faits par l’évêque de Cambrai, ne le dit pas. Toujours est-il que, suite à la communion, une hostie consacrée se trouve prosaïquement sur le dallage de l’église. Alors que le curé se précipite pour la ramasser, celle-ci s’élève dans les airs pour rejoindre, seule, le ciboire. C’est déjà impressionnant, mais le miracle ne s’arrête pas là.
Ces étapes de la vie du Christ offert en miroir aux yeux des fidèles, c’est le sens de l’eucharistie selon le doyen de Douai Bernard Descarpentries. « Dans ces moments de douleur ou ces moments glorieux, Il est là pour accompagner les étapes de nos vies, explique-t-il. Quand on vient communier, on demande cette énergie pour vivre en solidarité et non enfermé dans la souffrance et la rancœur. » Le miracle eucharistique est donc avéré aux yeux de l’Église et, rapidement, les pèlerins affluent à Douai pour vénérer l’hostie du miracle qui va traverser les siècles jusqu’à nous.
Un culte toujours vivant
Depuis le Moyen Âge, l’hostie du miracle attire les pèlerins à Douai et, encore de nos jours, il en vient régulièrement de France, de Belgique, d’Italie et de plus loin. « On a même eu des Tahitiens », indique le gardien de la collégiale Saint-Pierre au doyen de Douai Bernard Descarpentries. Mais le doyen se méfie du fétichisme et se refuse à sortir sur demande l’ostensoir du tabernacle de la chapelle Notre-Dame-des-Miracles, où elle est conservée depuis 2004. « Ce n’est pas seulement un objet de dévotion, c’est également un mouvement de foi et d’espérance », note l’homme d’église. L’hostie est tout de même présentée régulièrement, chaque premier et troisième jeudis du mois, à l’occasion d’une messe dite alternativement à la collégiale Saint-Pierre ou à l’église Notre-Dame. Elle fait aussi l’objet, chaque année, d’une procession dans Douai à l’occasion de la fête du Saint Sacrement.
Une Fête-Dieu sans procession cette année
Sur ce coup, il n’y aura pas de miracle : la crise sanitaire ne permettra pas aux catholiques Douaisiens de marcher derrière l’hostie miraculeuse dans les rues de Douai, dimanche, à l’occasion de la fête du Saint-Sacrement (aussi appelée Fête-Dieu). Une messe sera néanmoins célébrée, à 11 h, à la collégiale Saint-Pierre, en présence de l’archevêque de Cambrai Mgr Vincent Dollmann et de son invité, l’évêque de Liège Mgr Jean-Pierre Delville. C’est dans cette cité belge qu’est née la Fête-Dieu, sous l’impulsion de sainte Julienne de Cornillon, en 1246, quelques années avant le miracle eucharistique de Douai.
Les célébrations se poursuivront dans l’après-midi, avec la bénédiction de l’orgue de chœur de la collégiale tout juste restauré à l’occasion d’une opération de « relevage ». Il ne s’agit des grandes orgues de l’église, mais de l’instrument, plus modeste par ses dimensions, qui se situe dans le chœur de l’église et qui accompagne les chants liturgiques.
Où en est le projet de Basilique Saint-Pierre ?
Le pèlerinage autour de l’hostie du miracle a incité l’archevêque de Cambrai Mgr Vincent Dollmann à réclamer le titre de basilique pour la collégiale Saint-Pierre de Douai. Le curé de la paroisse Saint-Maurant-Saint-Amé, le doyen Bernard Descarpentries a rédigé, en latin, l’acte de candidature. « Le dossier, finalisé avec la mairie, a été accepté en mars par la Conférence des évêques de France, il est maintenant parti au Vatican », explique le doyen de Douai. Rome doit à présent mener sa propre enquête avant de valider le dossier et faire de la collégiale Saint-Pierre la quatrième basilique du diocèse. Ce qui, compte tenu des lourdeurs administratives du Saint-Siège, devrait prendre un temps certain…
https://www.lavoixdunord.fr/1019864/article/2021-06-06/survenu-en-1254-le-miracle-eucharistique-de-douai-est-encore-celebre-aujourd-hui
Il y a bientôt 800 ans, le miracle de l’eucharistie défrayait la chronique douaisienne. Comme tous les ans, la ville se rappellera cet événement à l’occasion de la fête du Saint Sacrement, ce dimanche, sans procession cette année en raison de la crise sanitaire.
Julien Gilman | Publié le 06/06/2021
Le père Bernard Descarpentries range l’ostensoir contenant l’hostie du miracle dans le tabernacle de la chapelle Notre-Dame-des-Miracles.
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Cette histoire commence par une maladresse, un jour autour de Pâques 1254, dans l’église Saint-Amé (l’autre collégiale de Douai, celle qui fut détruite à la Révolution). Maladresse du prêtre Thomas Pikete ou d’un fidèle, le récit qu’en fit le théologien Thomas de Cantinpré, envoyé enquêter sur les faits par l’évêque de Cambrai, ne le dit pas. Toujours est-il que, suite à la communion, une hostie consacrée se trouve prosaïquement sur le dallage de l’église. Alors que le curé se précipite pour la ramasser, celle-ci s’élève dans les airs pour rejoindre, seule, le ciboire. C’est déjà impressionnant, mais le miracle ne s’arrête pas là.
Apparitions
Au cri de surprise de l’homme d’église, ses ouailles rappliquent et distinguent sur le linge accompagnant le calice la silhouette d’un enfant. Ce sont ces événements que l’envoyé de l’évêque vient vérifier à Douai. Thomas de Cantinpré est un dominicain, l’ordre des inquisiteurs. On imagine aisément son air sévère et critique face à la superstition populaire des Douaisiens. Pourtant, on lui montre le ciboire et lui aussi voit l’image de Jésus, son visage seulement, arborant d’abord la couronne d’épines de la Passion, puis dans la gloire de la résurrection.Ces étapes de la vie du Christ offert en miroir aux yeux des fidèles, c’est le sens de l’eucharistie selon le doyen de Douai Bernard Descarpentries. « Dans ces moments de douleur ou ces moments glorieux, Il est là pour accompagner les étapes de nos vies, explique-t-il. Quand on vient communier, on demande cette énergie pour vivre en solidarité et non enfermé dans la souffrance et la rancœur. » Le miracle eucharistique est donc avéré aux yeux de l’Église et, rapidement, les pèlerins affluent à Douai pour vénérer l’hostie du miracle qui va traverser les siècles jusqu’à nous.
Une expertise en 2004
Mais comment être sûr qu’il s’agit de celle de 1254 ? Conservée dans la collégiale Saint-Amé jusqu’à sa destruction, à la Révolution, l’hostie a été cachée durant plus de 50 ans dans une boîte, en compagnie d’autres reliques, avant d’être redécouverte dans la collégiale Saint-Pierre. En 2004, à la demande du pape Jean-Paul II, des analyses ont confirmé la présence de froment et le Christ en croix qui y est imprimé est dans le style du XIIIe siècle. Le reste relève de la foi. « Moi, j’y crois, note Bernard Descapentries, mais comme sainte Bernadette, " je ne suis pas chargé de vous le faire croire, je suis chargé de vous le dire" . »Un culte toujours vivant
Depuis le Moyen Âge, l’hostie du miracle attire les pèlerins à Douai et, encore de nos jours, il en vient régulièrement de France, de Belgique, d’Italie et de plus loin. « On a même eu des Tahitiens », indique le gardien de la collégiale Saint-Pierre au doyen de Douai Bernard Descarpentries. Mais le doyen se méfie du fétichisme et se refuse à sortir sur demande l’ostensoir du tabernacle de la chapelle Notre-Dame-des-Miracles, où elle est conservée depuis 2004. « Ce n’est pas seulement un objet de dévotion, c’est également un mouvement de foi et d’espérance », note l’homme d’église. L’hostie est tout de même présentée régulièrement, chaque premier et troisième jeudis du mois, à l’occasion d’une messe dite alternativement à la collégiale Saint-Pierre ou à l’église Notre-Dame. Elle fait aussi l’objet, chaque année, d’une procession dans Douai à l’occasion de la fête du Saint Sacrement.
Une Fête-Dieu sans procession cette année
Sur ce coup, il n’y aura pas de miracle : la crise sanitaire ne permettra pas aux catholiques Douaisiens de marcher derrière l’hostie miraculeuse dans les rues de Douai, dimanche, à l’occasion de la fête du Saint-Sacrement (aussi appelée Fête-Dieu). Une messe sera néanmoins célébrée, à 11 h, à la collégiale Saint-Pierre, en présence de l’archevêque de Cambrai Mgr Vincent Dollmann et de son invité, l’évêque de Liège Mgr Jean-Pierre Delville. C’est dans cette cité belge qu’est née la Fête-Dieu, sous l’impulsion de sainte Julienne de Cornillon, en 1246, quelques années avant le miracle eucharistique de Douai.
Les célébrations se poursuivront dans l’après-midi, avec la bénédiction de l’orgue de chœur de la collégiale tout juste restauré à l’occasion d’une opération de « relevage ». Il ne s’agit des grandes orgues de l’église, mais de l’instrument, plus modeste par ses dimensions, qui se situe dans le chœur de l’église et qui accompagne les chants liturgiques.
Où en est le projet de Basilique Saint-Pierre ?
Le pèlerinage autour de l’hostie du miracle a incité l’archevêque de Cambrai Mgr Vincent Dollmann à réclamer le titre de basilique pour la collégiale Saint-Pierre de Douai. Le curé de la paroisse Saint-Maurant-Saint-Amé, le doyen Bernard Descarpentries a rédigé, en latin, l’acte de candidature. « Le dossier, finalisé avec la mairie, a été accepté en mars par la Conférence des évêques de France, il est maintenant parti au Vatican », explique le doyen de Douai. Rome doit à présent mener sa propre enquête avant de valider le dossier et faire de la collégiale Saint-Pierre la quatrième basilique du diocèse. Ce qui, compte tenu des lourdeurs administratives du Saint-Siège, devrait prendre un temps certain…
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