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Le Saint-Sacrement arrête une grave inondation |
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Le lundi 29 novembre 1433, la cité d’Avignon (France, Vaucluse) connaît une grave inondation. Des pluies torrentielles s’abattent sur la région. Débordant de son lit, le Rhône, dont les eaux sont gonflées en quelques heures par celles de la Sorgue et de la Durance, envahit les bas-quartiers, où vivent les plus pauvres. La chapelle de la confrérie des Pénitents gris, rue des Teinturiers, l’une des sept confréries que compte alors la ville, est inondée lorsque débute la récitation des vêpres, en fin d’après-midi. Le lendemain, c’est la catastrophe : le niveau des eaux ne cesse de croître d’heure en heure. Il faudra attendre plus de 48 heures pour voir leur niveau baisser. Mais en ce 30 novembre 1433, c’est autre chose qui frappe les avignonnais. « A l’heure de prime », une vingtaine de fidèles se rendent à la dite chapelle inondée. A leur tête, maître Armand et maître Jean de Pouzilhac-Faure, responsables de la confrérie des Pénitents gris, marchent d’un pas décidé. En pénétrant dans l’édifice, tous s’arrêtent brusquement. Ce qu’ils voient les sidèrent. Ecoutons le procès-verbal : « De la part des deux parois, à droite et à gauche, étaient les eaux de quatre pieds de haut, si bien que les coffres où étaient les habits de la Confrérie furent mouillés, tandis que l’eau était plus haute de deux pieds vers la paroi que les bancs. Et là venait ladite eau pendant comme fait une taulisse… » En d’autres termes, la dénivellation des eaux du mur jusqu’aux bancs avait une inclinaison semblable à celle d’un toit de maison ! Aussi, « la moitié des bancs du côté du mur furent pleins d’eau et l’autre moitié n’était point mouillée, si bien qu’au milieu de la nef de ladite chapelle, il n’y avait point d’eau, mais était tout sec et aussi devant l’autel ». Le prodige ne s’arrête pas là : les documents officiels, les parchemins, les nappes et reliquaires qui étaient conservées sous l’autel, sont également miraculeusement préservés ! Arnaud et Jean demandent d’aller chercher des Franciscains de la ville pour leur montrer le phénomène. Peu après, quatre d’entre eux - dont trois docteurs en théologie - parviennent au lieu-dit. Tous constatent le prodige. Un détail est consigné : la moitié du banc « devant le mur » est trempée tandis que l’autre moitié, préservée de l’inondation, reste complètement sèche. L’original du procès-verbal qui a été dressé par les autorités de la Confrérie et le clergé avignonnais a été perdu mais une copie datant de 1510 est conservée aux archives départementales. Les membres de la Confrérie des Pénitents décidèrent de fêter une fois l’an, le jour de la saint André, ce miracle extraordinaire. Corde au cou et pieds nus, à genoux, ils parcourent depuis cette époque le chemin préservé par le Seigneur dans la chapelle, du commencement de la nef jusqu’à l’autel. Avant la bénédiction du Saint-Sacrement, ils chantent le cantique de Moïse évoquant le passage miraculeux des Hébreux à travers la mer Rouge (Ex 15, 1-18). La « loyale et dévote Confrérie » des Pénitents gris d’Avignon a vu le jour au XIIIe siècle pour accomplir une mission particulière : promouvoir et assurer l’Adoration du Saint-Sacrement, perpétuellement exposé dans leur chapelle. |
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L'équipe Marie de Nazareth |
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Source : d’après abbé Jean Ladame, Prodiges eucharistiques, du VIIIe siècle à nos jours, Familles et Eucharistie, 1981, p. 108-110 |
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