Au XIIIe siècle, l'empereur germanique Frédéric II, roi de Jérusalem, entretient des relations respectueuses avec les Sarrasins, ce qui lui permet de mener à terme la 6e croisade sans verser le sang. Mais depuis vingt ans, il est en froid avec la papauté. Peu avant son départ en croisade, Grégoire IX l'excommunie ; parvenu à Jérusalem, Frédéric reçoit la visite de deux légats pontificaux qui ordonnent à ses soldats de désobéir à un empereur excommunié. Après 1239, Frédéric, aidé de soldats musulmans, combat Rome les armes à la main. En 1240, les Sarrasins, acquis à la cause impériale, assiègent Assise (Italie, Ombrie), menaçant de piller la chapelle de Saint-Damien, jadis reconstruite par saint François d'Assise, et occupée depuis lors par les Clarisses.
A cette époque, leur fondatrice, sainte Claire, malade, se repose à l'infirmerie de la communauté. Voyant les Sarrasins s'approcher, les sœurs, prises de panique, se précipitent à son chevet. La sainte leur dit de ne rien craindre car Dieu leur viendra en aide. Puis elle demande qu'on la porte jusqu'à la porte du couvent, et d'y amener aussi le Saint-Sacrement en le mettant dans un ciboire d'argent. Derrière les portes de bois, les cris des assaillants redoublent. Claire demande à toutes de s'agenouiller et de prier, devant l'hostie consacrée. « Je vous donne ma parole, mes sœurs, que vous n'aurez point de mal ; confiez-vous seulement à Dieu. » Déjà des Sarrasins ont réussi à pénétrer dans le cloître. Mais à l'instant où sainte Claire achève sa prière, ils sont pris de panique, saisis par une terreur inexplicable. Ils escaladent la palissade à toute vitesse et s'enfuient en courant. Peu après, ils quittent Assise, et sans autre motif, l'Ombrie. C'est grâce à ce prodige que les peintres représentent sainte Claire au pied du Saint-Sacrement.
|
Jean-Marie Mathiot, Miracles, signes et prodiges eucharistiques, du début du christianisme à nos jours, Hauteville, Le Parvis, 2018, p. 56 |