En 1911, rien ne va plus parmi les villageois de Manzaneda (Espagne, diocèse d'Astorga, Castille-et-Léon). Pour de nombreux motifs, les paroissiens s'opposent au curé, à tel point qu'entre eux, tout dialogue est devenu impossible. Le prêtre, inquiet, a déménagé dans un hameau voisin. Mgr Julian de Diego y Garcia Alcolea, évêque d'Astorga, envoie des pères Rédemptoristes pour prêcher une mission dans la paroisse. Les exercices commencent dans la chapelle du hameau de Saint-Martin où s'est réfugié le curé de Manzaneda. Le 5e jour, au milieu du sermon, une vieille femme se mit à crier : « Au feu ! Au feu ! Fuyons ! » Les fidèles quittent la chapelle dans un désordre incroyable. Mais le Rédemptoriste qui prêche ce jour-là ne voit aucune trace d'incendie ! On sonne le tocsin ; tout le monde a quitté les lieux en une poignée de secondes. Le soir même, le responsable de la mission écrit à son supérieur pour lui demander de mettre fin à la mission, car, pense-t-il, tout le monde se moque des Rédemptoristes. Dans l'après-midi du lendemain, les villageois admirent la « splendide illumination » de l'autel de l'église paroissiale préparée par les missionnaires. Un Rédemptoriste monte en chaire pour réciter un acte de réparation pour les outrages commis envers le sacrement de l'eucharistie. Soudain, une « lumière intense » apparaît au-dessus de l'autel, surpassant en éclat les 200 bougies allumées. Une fillette de six ans qui a les yeux fixés sur l'ostensoir contenant une grande hostie consacrée s'écrie : « Je vois le petit Jésus ! ». Le prédicateur lui dit de se taire, fait agenouiller les gens et se lance dans un long sermon. Mais il se rend compte que quelque chose ne va pas : les fidèles ne le regardent pas mais ont les yeux fixés sur l'ostensoir. Le visage d'un enfant aux cheveux blonds, vêtu de blanc, se détache à présent de l'hostie. Puis la vision grandit, et l'enfant sort littéralement de l'ostensoir pour apparaître sur le tabernacle, avec ses bras et ses jambes. Mains et pieds portent les blessures de la Passion d'où s'écoule du sang. Le phénomène dure aussi longtemps que le sermon. Touché par la grâce, le curé de Manzaneda se réconcilie à cet instant avec la communauté villageoise. A cet instant, la vision disparaît. Le dernier jour de la mission, un Te Deum d'action de grâces est interprété avec ferveur. Dès les premiers versets du cantique, l'Enfant-Jésus apparaît une nouvelle fois, sous l'aspect d'une enfant âgé d'environ six ans. Cette fois, les plaies des mains et des pieds ont disparu. Son visage resplendit de joie. L'évêché d'Astorga a mené une enquête sur les faits dont les résultats sont positifs.
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Jean-Marie Mathiot, Miracles, signes et prodiges eucharistiques, du début du christianisme à nos jours, Hauteville, Le Parvis, 2018, p. 282-284. |