Cardinal Barbarin : France, et si c'était l'heure de ton réveil ?
En cette fête de l'Assomption, Mgr Barbarin lance un appel : "Que nos églises revivent ! Demandons à Dieu qu’advienne la grâce d’une France priante".
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En cette fête de l'Assomption, Mgr Barbarin lance un appel : "Que nos églises revivent ! Demandons à Dieu qu’advienne la grâce d’une France priante".
CARD. PHILIPPE BARBARIN (2) |
15.08.2015 |
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En lisant l’histoire de cette femme infirme depuis dix-huit ans, toute courbée et incapable de se redresser, cette femme que Jésus interpelle en plein Evangile pour la guérir (Luc 13,10), parfois je pense à la France. Ces neuf derniers mois, au fil des méditations de la Neuvaine, je ne suis certainement pas le seul à avoir vu venir dans ma prière tel ou tel personnage de l’Evangile, comme une figure symbolisant notre pays. Oui, chaque nation a son caractère, ses qualités et ses défauts, ses grâces et ses lieux de conversion. Comparer nos regards serait un exercice éclairant, un échange enrichissant. Frédéric Ozanam écrivait dans une lettre à Niccolò Tommaseo : « Ah ! La France est bien la Samaritaine de l'Evangile, elle est allée puiser bien des fois à des sources qui ne la désaltéraient point. Elle s'attachera à Celui qui lui promet l'eau vive, afin de n'avoir plus soif ». En ce 15 août 2015, au terme de la belle aventure spirituelle de la Neuvaine, vécue dans la discrétion et la fidélité, pourquoi ne pas rapprocher notre pays de la Vierge Marie ? Rassurez-vous, je ne crois pas la France « immaculée », ni prête à être qualifiée de « toute sainte », comme nos frères d’Orient aiment à appeler la Mère de Dieu. Je sais que si la France a été appelée fille aînée de l’Eglise, la Vierge Marie, elle, en est la mère, comme l’a proclamée le Bienheureux Paul VI, au cours du Concile Vatican II. Donc, en regardant Marie, comme une fille regarde sa maman, notre pays pourrait trouver son modèle, son inspiration, renouveler sa vocation et son élan. Chaque année, pour la fête de l’Assomption, nous lisons l’Evangile de la Visitation. Nous voyons Marie « se rendre avec empressement » dans la maison de Zacharie et saluer Elisabeth qui s’écrie avec ferveur : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni... ». Décidons-nous, nous aussi, à entrer résolument dans la « maison commune» de l’humanité, pour saluer ses habitants et nous laisser bénir par eux : « France ! N’es-tu pas, toi aussi, bénie entre toutes les nations ? Heureuse es-tu si tu crois à l’accomplissement des paroles qui te furent dites de la part du Seigneur. » Bénédiction qui peut prendre le ton d’une apostrophe ! L’exemple de Marie, la servante Dans la joie de cette fête, je vous propose de parcourir ensemble le Magnificat, une prière qui dit tellement ce qu’est notre Mère que nous percevons un peu ce que devrait être la fille... Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Voilà la vocation de Marie : être une servante. C’est celle de toute l’Eglise et celle de Jésus, « le Seigneur », que toute la Bible présente comme « le Serviteur ». Ne serait-ce pas aussi la vocation de la France, comme nous l’a dit Jean Paul II lors de son premier voyage en 1980 : « France, Fille aînée de l’Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? Permettez-moi de vous demander : France, Fille de l’Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la sagesse éternelle ? » Oui, France bien aimée, vis-tu dans la logique de ton baptême ? Es-tu vraiment servante des autres peuples, une servante de l’Alliance avec la sagesse éternelle ? Et si c’était l’heure de ton réveil ? L’exemple de Marie, comblée Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Cette dernière phrase, je l’ai vue prendre toujours plus d’importance dans ma prière, au fil des années, dans ce Magnificat que nous chantons chaque soir aux Vêpres. Si nous demandions à Marie de résumer tout le message de la Bible sur Dieu, j’ai l’impression qu’elle nous répondrait avec ces mots : « Sa miséricorde s’étend d’âge en âge. » La suite du Magnificat n’en est que le développement et la description : Voilà tout ce que Dieu fait pour son peuple, dans sa miséricorde. Un beau programme de travail et de prière pour le grand Jubilé de la miséricorde que le pape François va ouvrir le 8 décembre prochain !
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