Affaire Benalla : ce que vaut un serment
Plus les révélations progressent dans le cadre de l’affaire Benalla, plus il semble clair que certaines personnes interrogées par la commission d’enquête parlementaire ont menti après avoir prêté serment. Cela pose la question de la valeur d’un tel acte dans une société areligieuse.
En effet, le serment n’est pas une promesse. C’est, originellement, un acte religieux par lequel on prend Dieu — ou les dieux — à témoin, appelant donc sur soi la vengeance divine si le serment est rompu.
Le parjure se condamne sciemment à la malédiction des dieux ou à l’Enfer, et un Enfer auquel il croit : c’est là toute la force du serment, justifiant l’expression qui le conclut normalement — « Que Dieu me vienne en aide » — mais qui n’est plus employée dans un cadre institutionnel.
Dès lors, que vaut le serment d’un agnostique ou d’un athée, c’est-à-dire de la personne la plus susceptible de le prononcer selon les statistiques religieuses d’aujourd’hui ?
Ce serment peut bien être prêté sur des objets — Constitution, drapeau — ou sur la tête de qui l’on veut, ou même sur rien du tout : qu’importe la valeur de ce sur quoi on étend la main ? L’acte ne peut plus être que symbolique puisque aucune puissance supra-humaine n’est censée punir le transgresseur.
On peut considérer le serment comme la solennisation d’une promesse, d’un engagement particulier. Cependant, rien n’oblige à le tenir en dehors de l’éthique personnelle. Il n’y a là rien qui engage davantage qu’une promesse verbale ou une déclaration sur l’honneur, deux choses auxquelles peu de gens se sentent tenus.
Le serment d’Hippocrate en est le parfait exemple : c’est un engagement personnel pour les médecins consciencieux, mais il n’empêche pas les autres d’effectuer les avortements que pourtant il proscrit.
Pour revenir à l’affaire Benalla, si le prestataire d’un serment juge qu’une cause, un parti ou une raison d’État valent plus que la vérité, aucune perspective d’une justice supérieure implacable ne vient inquiéter le parjure.
Cela pose un problème car le serment continue à servir de garantie, notamment à la parole des agents dits « assermentés ». Étrange incohérence d’un régime qui, ayant rompu avec la France chrétienne, ne veut rien avoir à faire avec Dieu mais perpétue une coutume qui n’a aucun sens sans Lui.
Professeur, auto-entrepreneur
http://www.bvoltaire.fr/affaire-benalla-ce-que-vaut-un-serment/
Plus les révélations progressent dans le cadre de l’affaire Benalla, plus il semble clair que certaines personnes interrogées par la commission d’enquête parlementaire ont menti après avoir prêté serment. Cela pose la question de la valeur d’un tel acte dans une société areligieuse.
En effet, le serment n’est pas une promesse. C’est, originellement, un acte religieux par lequel on prend Dieu — ou les dieux — à témoin, appelant donc sur soi la vengeance divine si le serment est rompu.
Le parjure se condamne sciemment à la malédiction des dieux ou à l’Enfer, et un Enfer auquel il croit : c’est là toute la force du serment, justifiant l’expression qui le conclut normalement — « Que Dieu me vienne en aide » — mais qui n’est plus employée dans un cadre institutionnel.
Dès lors, que vaut le serment d’un agnostique ou d’un athée, c’est-à-dire de la personne la plus susceptible de le prononcer selon les statistiques religieuses d’aujourd’hui ?
Ce serment peut bien être prêté sur des objets — Constitution, drapeau — ou sur la tête de qui l’on veut, ou même sur rien du tout : qu’importe la valeur de ce sur quoi on étend la main ? L’acte ne peut plus être que symbolique puisque aucune puissance supra-humaine n’est censée punir le transgresseur.
On peut considérer le serment comme la solennisation d’une promesse, d’un engagement particulier. Cependant, rien n’oblige à le tenir en dehors de l’éthique personnelle. Il n’y a là rien qui engage davantage qu’une promesse verbale ou une déclaration sur l’honneur, deux choses auxquelles peu de gens se sentent tenus.
Le serment d’Hippocrate en est le parfait exemple : c’est un engagement personnel pour les médecins consciencieux, mais il n’empêche pas les autres d’effectuer les avortements que pourtant il proscrit.
Pour revenir à l’affaire Benalla, si le prestataire d’un serment juge qu’une cause, un parti ou une raison d’État valent plus que la vérité, aucune perspective d’une justice supérieure implacable ne vient inquiéter le parjure.
Cela pose un problème car le serment continue à servir de garantie, notamment à la parole des agents dits « assermentés ». Étrange incohérence d’un régime qui, ayant rompu avec la France chrétienne, ne veut rien avoir à faire avec Dieu mais perpétue une coutume qui n’a aucun sens sans Lui.
Guillemette Pâris
Professeur, auto-entrepreneur
http://www.bvoltaire.fr/affaire-benalla-ce-que-vaut-un-serment/