Marie-Madeleine est une figure féminine et populaire des Évangiles. Apôtre des apôtres, modèle de confiance, elle est celle qui a aimé Jésus d’une amitié unique, qu’il ne faut pas avoir peur d’assumer. « La Madeleine », dont la dévotion est typiquement française, est bien plus riche que tout ce que l’on a dit !
Dans les Évangiles et la tradition patristique, trois femmes ont été identifiées à Marie-Madeleine : Marie de Magdala, Marie de Béthanie, et la pécheresse anonyme. Il existe un débat parmi les exégètes sur l’assimilation de ces trois femmes à Marie-Madeleine. Mais l’enseignement de l’Église sur cette belle figure unifiée reste d’actualité : Marie-Madeleine est la grande repentie, contemplative et apôtre.
Les démons de Marie de Magdala
Marie de Magdala est la femme guérie de sept démons que nous présente saint Luc (Lc 8, 2). Les quatre évangiles la nomment ensuite au tombeau, le matin de la Résurrection. C’est saint Jean qui en fait la première à recevoir l’apparition de Jésus ressuscité le matin de Pâques (Jn 20, 15-18). Marie de Magdala évolue dans le même cercle que la femme de l’intendant du roi Hérode : c’est une femme d’un haut niveau social, qui assiste de ses deniers les femmes et les disciples qui suivent Jésus.
Que retenir de cette possession démoniaque ? Les sept démons ont suscité des interprétations diverses. La Tradition les associe au péché. Une certaine exégèse féministe a récemment souligné l’ambivalence des figures de possédées féminines, arguant du caractère de fuite que pouvait offrir la maladie aux femmes en résistance face aux contraintes sociales de leur temps.
L’onction par le parfum
La deuxième femme que l’on associe à Marie-Madeleine est une anonyme que l’on rencontre chez saint Luc (Lc 7, 36-50). Il s’agit de la femme venue oindre les pieds du Seigneur avec du parfum. Elle approche Jésus en larmes et répand le parfum à ses pieds en signe de repentir profond. Ses péchés sont pardonnés parce qu’elle a « montré beaucoup d’amour ». Mais l’histoire se corse. Une deuxième onction par le parfum est en effet rapportée par saint Jean qui l’attribue à Marie de Béthanie, la sœur de Marthe et de Lazare (Jn 12, 1). Cependant cette onction diffère du geste de la femme pécheresse : Marie de Béthanie oint les pieds de son Seigneur par amour, en une sorte de préfiguration des parfums utilisés pour la sépulture de Jésus. La scène se déroule d’ailleurs quelques jours avant la Passion. Marie ne pleure pas et le Christ ne la pardonne pas : il loue son geste comme une glorification de son corps encore vivant parmi les hommes.
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